Les œuvres préhistoriques sont largement reconnues, mais saviez-vous que notre espèce n’est pas la seule à en avoir produit ? La question de l’art chez les Néandertaliens est complexe et sujette à controverse, mais il semblerait bien que cette pratique précède le contact entre Sapiens et Néandertal !


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    En comparaison avec Homo sapiensHomo sapiens, l'homme de NéandertalNéandertal (Homo neanderthalensis) a laissé relativement peu de vestiges archéologiques qualifiés de symboliques, ou artistiques. Une méfiance certaine caractérise les interprétations de ces différentes traces. Les Néandertaliens utilisaient probablement des pigments pour enduire les peaux, et auraient arboré des objets d'ornementation tels que des plumes, des dents, des os, des serres de rapacerapace, et même des fossiles, parfois gravés. Les parois des grottes qu'ils fréquentaient portent des marques de leur passage, pigmentées, tracées ou gravées. Ces pratiques sont-elles pour autant le signe d'une volonté artistique ? Une étude pilotée par Jean-Claude Marquet, de l'Université de Tours, et publiée dans la revue PLOS ONE, montre que les plus vieilles gravures attribuables à Néandertal sont françaises, et que leur création a bien été intentionnelle et réfléchie.

    Ces objets, collectés dans la grotte du Renne (Arcy-sur-Cure, France), témoignent probablement de l'utilisation de parures et de pigments par les Néandertaliens du Châtelperronien. Dents perforées et gravées (1–6, 11), os (7–8, 10), fossile (9). Blocs à pigments rougeâtres (12–14) et noirs (15–16). Poinçons en os (17–23). © Caron <em>et al</em>. (2011)
    Ces objets, collectés dans la grotte du Renne (Arcy-sur-Cure, France), témoignent probablement de l'utilisation de parures et de pigments par les Néandertaliens du Châtelperronien. Dents perforées et gravées (1–6, 11), os (7–8, 10), fossile (9). Blocs à pigments rougeâtres (12–14) et noirs (15–16). Poinçons en os (17–23). © Caron et al. (2011)

    Comment dater les plus vieux tracés de Néandertal ?

    Les chercheurs se sont penchés sur les marques de la grotte de La Roche-Cotard, à Langeais (Indre-et-Loire). La grotte, alors située au bord de la Loire, a livré des pierres taillées, et un énigmatique objet travaillé qualifié de « protofigurine ». Plusieurs panneaux des parois de tuffeautuffeau portent des tracés effectués au doigt dans une couche tendre de limonlimon argileux déposée par le fleuve, et quelques taches d'ocreocre rouge. L'entrée de la cavité a été obstruée par des sédimentssédiments après l'occupation par les Néandertaliens, ce qui est une chance car tout ce qui y a été collecté et observé peut donc leur être attribué sans ambiguïté

    Certains des tracés découverts dans la grotte de La Roche-Cotard. À gauche, le panneau comporte des marques circulaires ; à droite, des tracés ondulés. © Jean-Claude Marquet, CC BY 4.0
    Certains des tracés découverts dans la grotte de La Roche-Cotard. À gauche, le panneau comporte des marques circulaires ; à droite, des tracés ondulés. © Jean-Claude Marquet, CC BY 4.0

    Dans leur plus récente étude, les chercheurs ont pu dater les sédiments présents dans la grotte grâce à une technique utilisant la thermoluminescence, la datation par luminescence stimulée optiquement (OSL). Leurs résultats montrent que la grotte est devenue inaccessible pour l'Homme il y a plus de 57 000 ans, ce qui confirme bien que les tracés qu'elle contient sont attribuables sans aucune ambiguïté à Néandertal, puisque Sapiens n'arrive en Europe que vers -45 000. Ces marques abstraites sont les plus vieilles attribuables à Néandertal, et leur signification reste encore un mystère...